Alors que les bavards ont l’embarras du choix, WhatsApp reste la reine des applications de messagerie instantanée, mais Telegram est une alternative populaire – en particulier chez les personnes qui accordent la priorité à leur vie privée.
Ses fonctionnalités de sécurité complètes pourraient bien expliquer comment elle a attiré plus de 800 millions d’utilisateurs actifs et décroché la 6e place des applications les plus téléchargées au monde en 2023.
Bien que l’importance accordée par Telegram à la protection des données de ses utilisateurs puisse réjouir les parents, ses fonctionnalités peuvent exposer les jeunes à de graves menaces.
Telegram, c’est quoi ?
Telegram a été lancée en 2013 par les frères russes Nikolaï et Pavel Durov, mais ce n’est qu’en 2021 qu’elle s’est imposée parmi les applications de messagerie. Plus tôt cette année-là, WhatsApp a mis à jour ses conditions d’utilisation pour y inclure de nouvelles règles sur le partage des données, ce qui en a poussé beaucoup à rechercher un service moins intrusif. Puis, quelques mois plus tard, le 4 octobre, Facebook a connu une panne de 6 heures sur toutes ses plateformes, y compris WhatsApp, incitant un nombre record de 70 millions d’utilisateurs en une seule journée à se tourner vers sa concurrente.
Telegram ressemble à WhatsApp et à d’autres applications de messagerie, mais elle se distingue par plusieurs fonctionnalités, notamment la possibilité de créer et rejoindre des groupes comptant jusqu’à 200 000 utilisateurs et celle de partager des fichiers volumineux comme des films et des émissions de télévision.
Cependant, c’est son option Échanges secrets, avec des caractéristiques telles que le chiffrement de bout en bout et les messages éphémères, qui a attiré des vagues d’utilisateurs soucieux de leur vie privée – et suscite des inquiétudes chez les parents du monde entier.
Telegram est-elle sûre pour les enfants ?
Contrairement à d’autres applications de communication comme Kik et Snapchat, Telegram n’est pas conçue pour attirer les jeunes utilisateurs. Ses conditions d’utilisation indiquent qu’il faut avoir plus de 16 ans pour s’en servir, mais, nous le savons bien, les restrictions d’âge ne suffisent pas face aux enfants curieux.
Après avoir utilisé Telegram pendant un certain temps, nous avons relevé plusieurs aspects préoccupants à nos yeux de parents.
Échanges secrets et messages éphémères
Un utilisateur de Telegram peut entamer avec un contact un échange secret, chiffré de bout en bout pour s’assurer que seuls eux deux peuvent voir leurs messages.
Influencés par les messages éphémères de Snapchat, les échanges secrets peuvent être programmés pour s’auto-détruire, ce qui supprime définitivement tous les messages, photos et vidéos de ces conversations à la fin du délai configuré.
Bien que ces fonctionnalités représentent quelques-uns des principaux arguments de vente de Telegram, on peut également leur reprocher de mettre les jeunes utilisateurs en danger. Le chiffrement de bout en bout et le caractère éphémère empêchent les parents d’accéder aux messages de leur enfant pour les lire. Il plaît donc certes aux ados en quête de discrétion, mais il complique grandement le traçage et l’enregistrement des activités des prédateurs en ligne, trafiquants de drogue et autres utilisateurs malveillants.
Accès facile à du contenu inapproprié
La publication de contenu pornographique sur des canaux publics est contraire aux conditions d’utilisation de Telegram, mais la plateforme fait l’objet de critiques pour sa modération insuffisante.
Malheureusement pour les parents, on trouve presque de tout dans les échanges et les groupes privés, où les jeunes utilisateurs peuvent entrer en contact avec des inconnus et être exposés au sexting, à la pornographie, à la violence et à d’autres types de contenu inapproprié. Telegram est même une application privilégiée par les terroristes, qui l’utilisent pour faire de la propagande et recruter des membres.
N’importe qui peut rechercher et contacter votre enfant
Les personnes inscrites sur Telegram sont identifiées par un nom d’utilisateur impossible à masquer des résultats de recherche, ce qui permet à de parfaits inconnus de contacter votre enfant et de lui envoyer des messages.
Vous pouvez toutefois choisir de rejeter les messages des personnes qui ne sont pas dans ses contacts et masquer son numéro de téléphone en modifiant ses paramètres de confidentialité.
On peut ajouter votre enfant à des groupes privés
De la même manière, si les paramètres de confidentialité de Telegram ne sont pas réglés correctement, on peut ajouter votre enfant à des groupes privés comptant jusqu’à 200 000 inconnus, alors en mesure d’accéder à son nom d’utilisateur, à sa photo de profil et à son numéro de téléphone.
Outre des menaces graves comme le cyberharcèlement et la prédation sexuelle, c’est là que les jeunes sont le plus susceptibles d’être exposés à de la pornographie et à d’autres types de contenu inapproprié.
Diffusion d’infox
Que ce soit par le biais de messages individuels ou de groupes, les applications de communication comme WhatsApp et Telegram facilitent le partage d’informations mensongères et non vérifiées.
Depuis quelques années, les infox suscitent d’ailleurs une préoccupation majeure chez les parents, car les jeunes esprits peuvent être particulièrement sensibles à la désinformation. Généralement créées pour promouvoir les idées et les objectifs d’une personne, elles peuvent entraîner des changements de point de vue et, finalement, de comportement. Croire des rumeurs non confirmées peut même s’avérer mortel.
Si vous souhaitez limiter le risque de désinformation, n’hésitez pas à consulter notre article sur la manière d’apprendre aux enfants à repérer les infox.
Absence de contrôle parental
Parce que Telegram ne s’adresse pas spécifiquement aux jeunes, elle ne présente pas de fonctionnalités de contrôle parental, qui permettraient de prévenir toute exposition à du contenu inapproprié et à d’autres menaces plus graves.
Régler les paramètres de votre enfant peut néanmoins limiter certains risques. Par exemple, vous pouvez désactiver les services de localisation, masquer son numéro de téléphone et sa photo de profil et empêcher des inconnus de l’ajouter à des groupes.
Mais cela implique de lui faire confiance, car il ou elle peut modifier à nouveau ces paramètres. Heureusement, une solution de contrôle parental complète comme Qustodio peut combler cette lacune, en vous aidant à surveiller et gérer son accès à Telegram.
Telegram : les recommandations de Qustodio en matière de sécurité
Des fonctionnalités telles que les échanges secrets, les messages éphémères, les noms d’utilisateur trouvables et les groupes privés non modérés font de l’application Telegram un endroit dangereux pour les jeunes utilisateurs.
De plus, ses conditions d’utilisation indiquent qu’elle s’adresse aux plus de 16 ans, mais les utilisateurs ne sont pas tenus de fournir un justificatif d’identité avec leur date de naissance lors de leur inscription, donc il s’agit principalement d’une suggestion.
Sur la base de notre expérience avec cette application et de discussions avec d’autres parents, nous la déconseillons aux moins de 17 ans.
Si votre ado a déjà atteint cette limite d’âge, voici quelques conseils pour une utilisation plus sûre.
Modifiez les paramètres de confidentialité
Régler les paramètres de confidentialité par défaut de Telegram peut contribuer à mieux protéger votre enfant. Par exemple, vous pouvez masquer sa photo de profil, son numéro de téléphone et son statut de connexion. Vous pouvez également empêcher des inconnus de rechercher son numéro de téléphone et de l’ajouter à des groupes.
Toutefois, c’est une méthode insuffisante, car votre enfant peut modifier ces paramètres quand bon lui semble, donc elle ne remplace pas une bonne application de contrôle parental.
Parlez-en
Nous estimons qu’avoir des discussions ouvertes avec les enfants au sujet de leurs habitudes numériques est essentiel pour leur garantir une relation sûre et saine à la technologie. Donnez donc à votre ado un espace de dialogue pour écouter ses expériences sur Telegram et veillez à lui expliquer les risques associés aux discussions avec des inconnus en ligne.
Nous vous recommandons de rédiger un accord numérique familial pour encourager des conversations sur la technologie.
Utilisez le contrôle parental
Comme Telegram n’intègre aucun contrôle parental et que ses paramètres de confidentialité peuvent être modifiés par ses jeunes utilisateurs, de nombreux parents inquiets utilisent une application dédiée comme Qustodio pour protéger leurs enfants.
Qustodio peut s’utiliser pour :
- limiter le temps passé sur cette application ;
- lui associer des limites d’utilisation ;
- bloquer son ouverture ;
- recevoir une alerte lors de sa première utilisation ;
- suspendre Internet en un clic.
Telegram est une application de messagerie populaire qui ne s’adresse pas aux enfants. Puisqu’elle ne présente aucun processus de vérification de l’âge, les jeunes peuvent néanmoins s’en servir et être exposés au cyberharcèlement, à la prédation sexuelle ou à d’autres dangers d’Internet. Heureusement, les parents peuvent réduire les risques en réglant ses paramètres de confidentialité, ou encore mieux, en utilisant le contrôle parental.
