Accidents, disputes et autres scènes bien réelles du quotidien attirent souvent notre attention. Mais le monde virtuel n’est pas en reste : des milliers de personnes travaillent dans l’ombre pour s’assurer que les appareils électroniques et les plateformes numériques captivent leurs utilisateurs.
Entre le format de TikTok, les Reels d’Instagram et les Shorts de YouTube, les vidéos courtes envahissent désormais les écrans des petits et des grands. Leur durée limitée et leur caractère très stimulant nous incitent à les regarder les unes après les autres, nous faisant souvent perdre la notion du temps. Ce problème touche tout le monde, mais ses conséquences peuvent être plus graves chez les jeunes, dont le cerveau est encore en développement, affectant non seulement leur attention et leur concentration, mais aussi leur santé mentale.
Pourquoi les vidéos courtes sont-elles si attrayantes ?
En général, les vidéos courtes, comme celles disponibles sur TikTok, durent moins d’une minute et reposent sur des transitions rapides, des effets accrocheurs et une musique entraînante pour captiver leurs spectateurs. Plusieurs facteurs expliquent leur attractivité :
1. Libération de dopamine
Notre cerveau libère de la dopamine, un neurotransmetteur du plaisir, lorsque nous éprouvons quelque chose d’agréable. Or, chaque vidéo courte produit sa petite dose, qui nous incite à poursuivre notre visionnage pour en obtenir davantage.
2. Fil d’actualité personnalisé
Les algorithmes des réseaux sociaux et des plateformes de vidéos, telles que YouTube, adaptent leur contenu aux préférences de chaque utilisateur, à qui elles peuvent ainsi offrir un flux constant de vidéos propres à activer immédiatement le circuit de la récompense du cerveau – le tout moyennant un minimum d’efforts.
3. Accès facile
Il suffit de posséder un téléphone ou une tablette pour avoir accès à un contenu illimité, quels que soient l’endroit et le lieu.
Chez les ados et même les enfants, il y a aussi une dimension sociale importante. Ne pas regarder les vidéos les plus populaires du moment ou ignorer la dernière tendance en ligne peut provoquer un sentiment d’exclusion.
Les vidéos courtes ont-elles un effet sur la concentration des enfants ?
En un mot, oui. Les vidéos courtes ne font pas que divertir. Elles façonnent également la manière dont le cerveau gère l’attention, ce qui peut affecter la concentration. Chez les jeunes, susceptibles de passer plus de temps à en regarder, elles peuvent ainsi constituer une véritable source de distraction, ayant divers effets sur eux :
- Hyperstimulation : les changements visuels et sonores rapides habituent le cerveau à attendre récompense après récompense. Les activités plus lentes, comme la lecture, les devoirs ou même les loisirs, peuvent alors paraître moins intéressantes.
- Excès de dopamine : les pics répétés de dopamine réduisent la patience des enfants concernant les tâches qui nécessitent plus d’efforts ou n’impliquent pas de récompense immédiate.
- Attention dispersée : passer d’une vidéo (ou d’un écran) à l’autre à un intervalle de quelques secondes empêche toute attention soutenue et affaiblit la capacité du cerveau à rester concentré sur une seule tâche.
Y a-t-il un lien entre les vidéos courtes et la santé mentale des enfants ?
Il n’y a pas de lien direct unique entre la consommation de vidéos courtes et les problèmes de santé mentale. Cela dit, une utilisation toxique des plateformes correspondantes ou un temps d’écran excessif peuvent avoir divers effets sur le bien-être émotionnel.
Faire défiler des vidéos courtes peut causer de l’anxiété
Le flux constant de nouvelles vidéos disponibles sur Internet peut exercer une certaine pression sur les enfants, les poussant à regarder tout ce que publient leurs amis et leurs influenceurs préférés. Cette pression, combinée au rythme rapide du contenu en question, entraîne parfois l’apparition de symptômes du stress et de l’anxiété, tels qu’une irritabilité accrue et une difficulté à se détendre.
De nombreuses études ont traité cette question, notamment un article publié en 2022 dans la revue Monitor on Psychology de l’American Psychological Association et axé sur la manière dont une surcharge d’informations peut contribuer à une forme de stress mental, d’anxiété et de fatigue cognitive.
Le contenu des réseaux sociaux peut contribuer à réduire l’estime de soi
Le fil d’actualité de votre enfant peut être parsemé de photos montrant des silhouettes et des styles de vie apparemment « parfaits ». Problème, alors que l’herbe semble toujours plus verte ailleurs, se comparer aux autres peut donner l’impression de ne pas être à la hauteur et entraîner un sentiment général d’insatisfaction. Des études donnent même à penser qu’une exposition prolongée à ce type de contenu peut augmenter le risque de troubles de l’humeur.
Scroller, surtout avant de se coucher, peut perturber le sommeil
Si vous dormez avec votre téléphone près de votre lit, vous savez combien il est difficile de résister à la tentation de scroller. Pourtant, cette envie irrépressible de continuer à regarder du contenu est souvent liée à des problèmes de sommeil. Chez les enfants et les ados, parce qu’un visionnage tardif implique souvent une absence de surveillance, les routines et les réveils matinaux peuvent être perturbés.
Regarder du contenu stimulant avant de se coucher réveille l’esprit. Cette activité, combinée à la lumière bleue émise par les écrans, peut donc retarder l’endormissement et détériorer la qualité globale du sommeil.
La recherche ne cesse de montrer que mal dormir affecte à la fois les résultats scolaires et le bien-être émotionnel des enfants, ce qui augmente leur irritabilité et réduit leur concentration pendant la journée.
![2025-09 [Blog] Are short-form videos affecting_InsideImage Young boy in his room scrolling on phone with headphones on watching short videos](https://static.qustodio.com/public-site/uploads/2025/10/22151458/2025-09-Blog-Are-short-form-videos-affecting_InsideImage.png)
Les signes à guetter
Parents et tuteurs jouent un rôle important lorsqu’il s’agit de détecter quand le visionnage de vidéos courtes devient malsain. Voici certains signes auxquels faire attention :
- Temps d’écran excessif
Une méthode essentielle pour diminuer l’exposition aux vidéos courtes consiste, logiquement, à réduire le temps d’écran. En l’absence de conseils et de limites d’utilisation, les jeunes peuvent avoir du mal à s’autoréguler, passant des heures en ligne sans même s’en rendre compte. Si vous remarquez que votre enfant reste sur Internet pendant une durée inhabituelle, abandonne ses activités préférées au profit des écrans ou laisse son temps d’écran perturber son sommeil, ses résultats scolaires ou sa vie sociale, il est important de faire un point.
- Changements concernant les habitudes sociales et les activités
Surveillez également toute évolution dans la manière dont votre enfant passe son temps libre. Si jamais il ou elle refuse de sortir de sa chambre, de voir ses amis ou de faire des activités qui lui plaisent, comme du sport, des jeux en plein air ou d’autres loisirs hors ligne, méfiez-vous.
- Perturbations du sommeil
L’utilisation des réseaux sociaux ou le visionnage de vidéos courtes peuvent entraîner des changements de routines de sommeil. Votre enfant commence peut-être à se coucher plus tard, surtout si vous l’autorisez à se servir d’appareils dans sa chambre pendant la nuit. L’utilisation d’écrans avant d’aller au lit peut retarder l’endormissement de plusieurs heures.
Ces changements de routine peuvent affecter à la fois le repos et le bien-être quotidien. Le matin, il est possible que votre enfant montre des signes de fatigue, de distraction ou d’irritabilité, une mauvaise nuit pouvant aussi se manifester par des bâillements constants ou simplement un faible niveau d’énergie. Parce que le sommeil est directement lié aux résultats scolaires, à la concentration et à l’humeur, reconnaître ces signes sans tarder peut vous aider à corriger la situation.
Sept méthodes pour encourager des habitudes saines
De nombreuses méthodes s’offrent à vous et votre enfant pour réduire les risques liés à la consommation de vidéos courtes et de contenu sur les réseaux sociaux – sans interdictions ni disputes. Voici certaines des plus efficaces :
1. Favorisez une écoute active et un dialogue ouvert
Parlez à votre enfant des vidéos qu’il ou elle regarde ainsi que des raisons pour lesquelles elles lui plaisent et elles répondent à ses besoins ou ses centres d’intérêt. Cela vous permettra de mieux comprendre la situation et vous aidera, en tant que parent, à l’orienter vers du contenu plus positif, si nécessaire.
2. Promouvez une communication à double sens
Écouter ne signifie pas que seule son opinion compte. Validez son point de vue, mais faites-lui également part de vos préoccupations. En vous appuyant sur des preuves et des termes simples, expliquez-lui comment un temps d’écran excessif affecte le sommeil, la concentration et l’humeur. Vous l’aiderez ainsi à comprendre les limites que vous fixez.
3. Trouvez un accord clair
Définissez, avec votre enfant, des règles concernant les horaires et la durée de visionnage de vidéos courtes. Il est plus facile d’accepter un arrangement qu’une contrainte.
4. Donnez l’exemple
Les jeunes apprennent davantage de ce qu’ils voient que de ce qu’ils entendent. Si vous êtes souvent sur votre téléphone ou que vous regardez du contenu sur les réseaux sociaux, vous devez donc vous attendre à ce que votre enfant fasse de même. Il faut absolument faire preuve de cohérence.
5. Encouragez des occupations hors ligne
Proposez des activités familiales en accord avec les centres d’intérêt de votre enfant. Cela peut l’aider à mieux équilibrer sa vie en ligne et hors ligne.
6. Optez pour un temps d’écran commun
Vos activités familiales ne doivent pas nécessairement se cantonner au monde réel. Vous pouvez profiter de moments « connectés » à plusieurs. Regarder des vidéos courtes ensemble peut être amusant et vous aider à nouer des liens. C’est aussi un moyen de comprendre les goûts de votre enfant et d’entamer un dialogue constructif.
7. Présentez-lui vos centres d’intérêt
Montrez à votre enfant les médias numériques qui vous intéressent (à condition qu’ils soient adaptés à son âge). C’est l’occasion de vivre un agréable moment d’échange.
Votre enfant peut avoir des difficultés à ranger ses appareils après une longue période d’utilisation. Limiter ou suspendre son accès risque de provoquer un sentiment d’irritation ou même de colère. Or, bien que ce genre de réaction soit compréhensible, il peut créer des tensions familiales, donc vous devez absolument fixer des règles, en plus de faire preuve de cohérence et de patience.
Notez également qu’une punition directe – comme le retrait de tout appareil – n’est pas toujours la meilleure approche et qu’elle ne permet pas d’encourager des habitudes saines. Il vaut mieux chercher à comprendre en quoi ce type de contenu est intéressant lors d’une conversation et convenir de règles claires en faveur d’une utilisation plus équilibrée.
En fin de compte, le but n’est pas d’interdire les vidéos courtes, mais d’en encourager un visionnage raisonnable. Comprendre et accompagner les enfants leur permet de profiter des bons côtés de la technologie, tout en accordant la priorité à leur développement, leur repos et leurs relations.